C’est dur d’être de gauche, Aurel, préface de Renaud Dély, éditions Glénat, 144 pages, 15 euros.
Moins médiatique qu’un Plantu, que la bande à Charlie hebdo ou le gentillet Jul, Aurel est pourtant un dessinateur de presse qui gagne à être connu. Et lu. On peut le retrouver aujourd’hui toutes les semaines dans Politis, mais aussi ponctuellement dans Le Monde, Marianne, Le Nouvel Obs ou CQFD. Avec son trait d’apparence gentille et évidente – normale, pourrait-on dire – et un vrai talent pour croquer les personnalités, il livre une analyse aussi pertinente et percutante sur la vie politique. Des primaires socialistes à cet automne 2012, on retrouve un an de vie politique hexagonale, un almanach plutôt tourné vers la gauche donc. Mais sans tendresse particulière. Il se montre aussi sévère avec le PS qu’avec l’UMP ou les Verts… même si se devine une certaine proximité avec le Front de Gauche.
Réunis ici, ces dessins frappent par leur force et, souvent, leur justesse d’analyse politique. Férocement drôle donc, qu’il s’agisse des péripéties de DSK à la campagne « normale » de Hollande, avec quand même quelques regards – tout aussi cinglants, voire plus encore – sur son adversaire de l’UMP. Il reforme aussi, ici, son duo de Sarkozy et les riches et Sarkozy et les femmes, avec le journaliste Renaud Dély. Ce dernier assure les préfaces des trois chapitres de l’ouvrage (De si longs préliminaires ; Une présidentielle à qui perd gagne et Le changement c’est pour quand ?), apportant, dans des textes vifs et non dénués d’humour, les éléments contextuels permettant d’apprécier plus encore ces dessins d’une actualité récente qui paraît déjà si lointaine.
Seul reproche, d’ordre bibliographique, l’absence de référence des dessins, qui aurait permis de rattacher le style aux médias pour lesquels ils étaient spécialement destinés… On peut, néanmoins, s’amuser à essayer de retrouver les dessins ayant parus dans Le Monde à ceux pour le plus radical CQFD !
Signe du talent d’Aurel et de la qualité de ce petit bouquin, on a eu beaucoup de difficultés à choisir les dessins illustrant cet article, quasiment chaque nouvelle page proposant une envolée plus drôle que la précédente. Enfin, parvenu à la 144e page, on peut en conclure que le pari est amplement tenu : c’est dur d’être de gauche… surtout quand on n’est pas de droite, comme l’avait déjà analysé Guy Bedos.